Quatre policiers de la BAC de Lyon visés par une enquête pour faux

Quatre policiers de la BAC de Lyon visés par une enquête pour faux

Ce mercredi matin, quatre policiers de la Brigade Anti-Criminalité (BAC) de Lyon sont convoqués pour être auditionnés dans les locaux de l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN), la police des polices.

Des mesures de garde-à-vue pourraient être ordonnées. Selon nos informations, les fonctionnaires de la BAC sont suspectés de faux et usage de faux dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Lyon.

Tout est parti d’une interpellation d’individus sur les berges du Rhône "avant l’été", sans autre précision de date. Ivres, les personnes auraient pris d’assaut la nacelle d’un engin de travaux en stationnement sur la voie publique. Mais l’interpellation tourne mal et les hommes de la BAC ont eu, semble-t-il, recours à la violence.

Vidéosurveillance et PV falsifiés
Mais les procès-verbaux dressés par l’équipage de la BAC ne coïncident pas avec les déclarations des individus interpellés. Problème, les images de la vidéosurveillance de la ville infirmeraient même la version policière couchée sur PV et rendraient, du coup, illégitime l’usage de violence. Les fonctionnaires de la BAC ont-ils falsifiés des PV et menti à leur hiérarchie pour couvrir une affaire de violences en réunion ?

Les quatre fonctionnaires lyonnais visés par l’enquête seraient impliqués à des degrés divers selon une source proche du dossier. "Il faudra déterminer dans quelle mesure ils sont solidaires ou bien si l’un d’eux a pu entraîner ses collègues dans sa bêtise", commente cette même source. "Il est déjà difficile de juger des affaires où tout ce qu’on a, c’est la parole des policiers contre celle de suspects. C’est toujours la parole policière qui l’emporte. Donc, on ne peut avoir le moindre doute, il faut qu’on aille au bout de ce dossier et qu’on investigue pour éliminer tout doute", s’agace une source judiciaire.

Prudence
Problème, le faux et l’usage de faux commis par une personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions sont passibles de la cour d’assises et punis, en théorie, de 15 ans de réclusion et de 225 000 euros d’amende selon les dispositions de l’article 441-4 du Code pénal.

Pour l’heure, il convient de rester prudent quant à l’issue de la procédure. D’autant plus que l’on a déjà vu, dans l’affaire de violence policière présumée sur le pont de la Guillotière à Lyon après le match de Coupe du monde 2014 entre la Corée du Sud et l’Algérie, une vidéo postée sur Youtube qui semblait accabler un policier avant que l’enquête ne mette définitivement hors de cause le fonctionnaire incriminé. Mais dans ce dossier, on ne parlait pas de faux.

Sans aller jusqu’à évoquer un nouveau coup dur pour la police lyonnaise, difficile de nier que cette affaire intervient à une époque où celle-ci vit au rythme des scandales. Depuis l’explosion de l’affaire Neyret, plusieurs dossiers se sont accumulés sur le bureau de la police des polices.

Par ailleurs, cette nouvelle affaire intervient dans un contexte où des détenus crient régulièrement à la manipulation de la procédure lors de leur passage devant la justice lyonnaise et accusent la police d’avoir fait des faux dans leur dossier. Cette procédure de faux qui vise les fonctionnaires de la BAC ne sera sans doute pas de nature à rendre l’ambiance des prétoires plus sereine.

130 fonctionnaires de police sont affectés à la BAC de Lyon. Aujourd’hui, quatre d’entre eux sont suspectés dans une procédure de faux et usage de faux. Et à cette heure, ils restent présumés innocents.

Slim Mazni