Un ex-détenu de Guantanamo se voit refuser l’accès à un vol Lyon-Montréal

Un ex-détenu de Guantanamo se voit refuser l’accès à un vol Lyon-Montréal

Mourad Benchellali n’a pas pu prendre l’avion pour le Canada où il devait participer à une conférence sur la paix et à une autre sur la radicalisation des jeunes ayant pris la direction de la Syrie.

Ancien prisonnier de Guantanamo, l’homme de 33 ans né à Vénissieux, s’est vu refuser l’accès à un appareil d’Air Transat effectuant la liaison entre Lyon et Montréal. Le transporteur canadien a affirmé que l’avion allait survoler l’espace américain, et que son personnel "avait dû appliquer les dispositions du programme de sécurité des États-Unis connu sous le nom de Secure Flight comme toutes les autres compagnies aériennes". Le programme en question ne permet pas aux passagers apparaissant sur la liste américaine d'interdiction de vol de prendre un avion survolant les États-Unis. 

De son côté, le principal intéressé a indiqué avoir déjà voyagé en Europe par voie aérienne, mais qu’il s’agissait de son premier trajet outre-Atlantique. "Je n'allais pas prendre des vacances. Je me déplaçais pour faire de la prévention", a-t-il précisé.

Depuis sa sortie de prison, Mourad Benchellali multiplie les interventions, notamment dans les collèges et les lycées, afin de faire part de son parcours. Issu d’une famille radicalisée (son père a été accusé d’être un imam radical), le Vénissian avait rejoint avant les attentats du 11 septembre 2001 l’Afghanistan où il avait passé deux mois dans un camp d’entraînement à apprendre le maniement d’arme, et où il rencontra un certain Oussama Ben Laden. Finalement arrêté en 2002, il passa deux ans et demi au sein de la prison de Guantanamo avant d’être renvoyé en France et condamné à 18 mois de prison pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.

Les organisateurs de la conférence à laquelle était attendue Mourad Benchellali ce week-end ont fait part de leur soutien et réitérer leur invitation : "Face au drame humain de la radicalisation qui touche le Québec comme le reste de la planète, le Fonds de dotation PACE pour l'éducation à la paix et l'Observatoire sur la radicalisation et l'extrémisme violent voient dans l'interdiction de vol faite à Mourad Benchellali - contre qui il n'existe aucune action de justice pendante - non seulement une privation inacceptable de sa liberté d'aller et venir, mais aussi la preuve de l'incohérence de certaines mesures iniques et inefficaces prises de façon indiscriminée dans la lutte contre le terrorisme".