Saintélyon: voyage au bout de la nuit

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La 57e Saintélyon est partie dimanche à minuit. A la Confluence, au kilomètre 65, ils étaient nombreux à vouloir en finir.
Les premiers sont passés aux environs de 6h devant le cube orange qui orne désormais le quai Rambaud. Nous sommes au kilomètre 65, il en reste donc 3. C'est trop pour Évelyne, une quadragénaire de Saint-Étienne. "Plus jamais ça!" lance-t-elle, émoussée, alors que son mari tente de la motiver pour en finir avec ce raid. Il fait froid (-1 degré), d'autant que la Saône est à 5m de là et n'arrange rien, coulant aussi rapidement que les coureurs sur le quai. Le pire, c'est la neige. Elle recouvre une grande partie des 68km du parcours de cette 57e édition de la course. Arrivés à Lyon, les participants sont obligés de courir sur un manteau glissant, pourtant on ne les voit pas tomber comme des mouches.
Les concurrents passent par grappes, rarement seuls. Par moment l'un d'eux râle, crache, s'arrête. Le groupe se retourne, attend de voir si tout va bien, puis reprend son chemin. "Vous êtes dans le mauvais sens monsieur! " s'écrie un coureur qui marche et traîne les pieds dans la neige. En réalité, celui à qui il lance ce conseil est un soigneur de l'organisation qui s'assure que la participante assise sur un banc est capable de terminer l'épreuve. Les traits des coureurs sont tirés, leurs regards sont vides, hagards. Certains ont encore leur lampe frontale allumée malgré le jour naissant. D'autres courent avec une couverture de survie, les plus originaux ont disposé des guirlandes électriques de Noël sur leur sac à dos pour être visibles, une initiative certainement utile dans les épaisses forêts des Monts du Lyonnais, traversées en pleine nuit. Tous ont leur dossard avec leur numéro, un souvenir qu'ils garderont certainement comme on garde un trophée, une fois parvenus dans le Palais des Sports de Gerland. S'ils arrivent jusque là...