La Villa Gillet visée par une enquête préliminaire pour abus de confiance

Le parquet de Lyon a été saisi par la chambre régionale des comptes sur la gestion de l’institution culturelle dès le mois de juin 2015. Une enquête préliminaire pour abus de confiance a été ouverte.

Après la polémique politique, place aux affaires judiciaires. La Villa Gillet fait l’objet d’une enquête judiciaire après les constats d’une gestion « défaillante » pointés dans un rapport publié officiellement le 15 mars dernier par la chambre régionale des comptes (CRC).

 

Signalement

C’est d’ailleurs la juridiction financière elle-même qui a alerté le parquet de Lyon dès le mois de juin 2015 après avoir fait connaître ses premières observations aux dirigeants de la structure culturelle.

 

Un signalement qui est donc intervenu bien avant les polémiques en place publique qui ont suivi la révélation de l’audit de la CRC dans la presse. Le parquet de Lyon a ainsi ouvert une enquête préliminaire pour abus de confiance.

 

Institution majeure et singulière dans le paysage culturel français, la Villa Gillet fait l’objet de vives critiques depuis les constats des magistrats financiers sur la hausse du salaire de son directeur, Guy Walter, sur le manque de contrôle des financeurs publics et sur la passivité du conseil d’administration de la Villa.

 

« Les comptes, qui n’ont jamais été publiés au cours de la période contrôlée [2008-2013, ndl.], manquent de transparence sur plusieurs points, notamment en ce qui concerne les rémunérations des cadres dirigeants et la valorisation des contributions en nature » s’est alarmé la Chambre régionale des comptes.

 

Me François Saint-Pierre monte au créneau!

Me François Saint-Pierre, avocat de Guy Walter, affirme que le directeur de la Villa Gillet « n’est aucunement poursuivi et ne fait l’objet d’aucune mise en cause. Pour l’heure, il n’a pas été entendu par l’enquêteur en charge de ce dossier. Une enquête préliminaire a lieu pour vérifier la situation de la Villa Gillet. Ça ne veut absolument pas dire que Guy Walter sera mis en cause. Et d’ailleurs, il ne le sera pas. J’ai étudié le rapport de la Chambre en détail et les dépenses évoquées. Et il n’y a pas le moindre reproche pénal à faire à Monsieur Guy Walter ».

 

Guy Walter sera entendu prochainement en qualité de témoin souligne son avocat à une date qui n’a pas encore été fixée.

 

Étrange constat

Par ailleurs, sibyllin, Me Saint-Pierre remarque « que cette affaire est montée en épingle au moment même où Laurent Wauquiez arrive aux responsabilités avec pour projet politique une restriction budgétaire dans le secteur culturel de la grande région Auvergne-Rhône-Alpes ».

 

Me Saint-Pierre n’a pas totalement de faire cet étrange constat. Car voilà des mois en vérité que Laurent Wauquiez distille à l’occasion de conférences de presse des informations sur « les suites pénales qui ont été données à cette affaire », espérant éveiller la curiosité des journalistes [vu les semaines qui se sont écoulées avant un premier papier, LyonMag est d'ailleurs coupable, ndlr. ;-) ].  De même, au Conseil de la métropole de Lyon, des responsables Les Républicains ont eux-aussi évoqué l’enquête préliminaire en cours sur la Villa Gillet.

 

A la question de savoir comment ils en avaient été informés alors que l’enquête préliminaire n’avait fait l’objet d’aucune publicité dans la presse, les responsables du groupe répondaient que « c’est Laurent Wauquiez qui l’a dit ». A dire vrai, on a rarement vu un responsable politique annoncer lui-même l’existence d’une enquête judiciaire en cours alors qu’elle est par nature confidentielle.

 

Pour rappel, la région Rhône-Alpes est le principal financeur de la Villa Gillet à quasi parts égales avec l’Etat. Laurent Wauquiez, lors de sa conférence de presse sur le vote à venir du budget régional, a affirmé, non sans avoir rappelé l’existence d’une enquête préliminaire en cours, qu’il ne soutiendrai plus le budget de fonctionnement de la Villa Gillet.

 

Slim Mazni